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Historique sur l'Aérostation : jusqu'à 1800 |
1755
Le dominicain Joseph Galien d'Adiac suggère d'enfermer
l'air léger dans un énorme vaisseau étanche
pour le faire flotter sur l'atmosphère plus dense des couches
inférieures.
1781
Un Italien vivant en Angleterre, Tibère Cavallo, remplit
des bulles de savon avec de l'hydrogène.
L'Anglais Henry Cavendish découvre l'hydrogène.
1782
15 novembre : Joseph Montgolfier, 42 ans, constate qu'en
fermant le col de sa chemise au dessus du feu, celle-ci se gonfle.
Il construit alors un cube en taffetas d'un mètre cube
qui monta au plafond après chauffage. Après d'autres
expériences, Étienne, 37 ans, signale la découverte
à l'Académie des Sciences de Paris.
14 décembre : un ballon gonflé d'air chaud
de 3 m3 s'élève de la vallée de
la Deûme. L'expérience est répétée
plusieurs fois. Ces expériences permettent aux frères
Montgolfier de calculer les caractéristiques d'un ballon
beaucoup plus volumineux (12 mètres de diamètre).
Étienne, très fort en géométrie, dessine
les fuseaux. Les deux frères font d'autres essais avec
un 18 m3.
16 décembre : le géologue Desmarets de l'Académie
des Sciences reçoit une lettre d'Étienne lui décrivant
ses premiers essais.
1783
avril : le grand ballon de 800 m3 des frères Montgolfier
est prêt: il possède un foyer métallique alimenté
en paille, et pèse plus de 220 kg. Plusieurs captifs ont
lieu, la force ascensionnelle est surprenante. Si surprenante,
que deux employés décollent malgré eux le
25 avril; ce sont les deux premiers aéronautes ! La machine
est libérée et monte à 400 mètres.
4 et 11 mai : d'autres captifs ont lieu, l'appareil commence
à faire jaser dans le voisinage, on se pose des questions.
Un bruit circule dans la ville d'Annonay : les Montgolfier
s'adonneraient-ils à la sorcellerie ?
4 juin : premier envol officiel du ballon à air chaud
des frères Montgolfiers à Annonay, devant les membres
des États Particuliers du Vivarais. La présentation
de la machine "diostatique et aérostatique" est
publique. Le ballon atteint une altitude de 1000 à 2000
mètres et se pose en douceur à plus de deux kilomètres
de son point de décollage. Sur la demande des inventeurs,
les députés du Vivarais signèrent le lendemain
un rapport succinct. Ce rapport fixe à jamais, et sans
contestation possible, le point de départ de la conquête
de l'air et de l'espace. Les frères Montgolfier deviennent
instantanément célèbres. Leur exploit paraît
stupéfiant.
18 juin : L'Académie enregistre le procès-verbal
de l'ascension d'Annonay et s'en préoccupe. On décide
d'inviter Étienne à Paris pour réaliser l'expérience.
27 août : à l'aide de l'argent récolté
par l'élite intellectuelle de Paris (dix mille livres),
Jacques Charles, 37 ans, a construit un globe de soie imperméabilisé
rempli à l'hydrogène. La mise en place et le remplissage
du ballon aura nécessité 4 jours. La foule ayant
envahi les alentours de la cour où les préparatifs
prenaient place, le matériel est transféré
au Champ-de-Mars. La stupeur des passants était totale,
à voir cet énorme globe de xx mètres de diamètre
se promener au-dessus des toits, retenu au sol par de solides
cordes. À 17 heures, au son du canon, le globe et lâché
et s'envole du Champs de Mars. 45 minutes après, il atterrit
20 (25?) km plus loin à Gonesse, où il effraye des
paysans qui le détruisent. Un spectateur s'exclame "à
quoi bon cette découverte ?". Benjamin Franklin,
alors à Paris lui répond : "Eh !
à quoi bon l'enfant qui vient de naître ?"
13 septembre : le ballon devant être prêt pour
la démonstration devant le roi a été détruit
lors d'un essai sous l'orage. Les ouvriers en construisent un
nouveau en moins de 5 jours.
19 septembre : Première ascension aérostatique
avec des êtres vivants (un mouton, un coq et un canard),
en montgolfière, devant la famille royale à Versailles.
Joseph avait initialement conseillé à son frère
de faire voler une vache "Tâche de mettre la vache.
Cela fera un effet singulier autre que celui d'un mouton dans
un panier que personne ne verrait." Cependant, le soucis
de ne pas blesser l'animal fera préférer la solution
du mouton à Étienne. La présence d'un ovin
n'est pas un hasard : la constitution de cet animal ne lui
permet pas de s'élever par lui-même et il n'a pas
d'ailes. Des carrioles et des voitures encombrent les abords du
château de Versailles. Les curieux envahissent les toits,
la cour du château, les fenêtres, ... Louis XVI attend
avec impatience l'expérience. Le ballon le Réveillon
décolle enfin et atteint 600 mètres d'altitude.
Il se pose à Vaucresson quelques minutes plus tard. Les
premiers voyageurs de l'air sont en parfaite santé. Mais
le roi acceptera-t-il que l'homme imite l'animal ?
octobre : des essais sont réalisés dans la propriété
de Réveillon sur le nouveau ballon destiné à
emporter ses premiers passagers humains. Des attroupements de
curieux virant à l'émeute se forment, mais la police
est renforcée. Pilâtre de Rozier réalise alors
les premiers vols captifs. Étienne Montgolfier lui a laissé
sa place, obéissant à Montgolfier père qui
lui a interdit de monter dans un ballon.
21 novembre : Des proches du roi ont été sollicités
pour faire pression sur le roi afin qu'il permettent aux hommes
de réaliser le premier vol. Ses premières intentions
étaient d'obliger des forçats condamnés à
mort à prendre place dans l'aéronef. "Eh quoi !
s'écria Pilâtre, de vils criminels auraient les premiers
la gloire de s'élever dans les airs !". À
13 heures, une foule dense assiste à ce moment unique :
c'est le premier voyage aérien au monde qui emporte Pilâtre
de Rozier et le marquis d'Arlandes, de la Muette à la Butte-aux-Cailles
(soit 8 km de trajet) à bord d'une montgolfière
ayant un foyer à son bord. (AV date ) La vieille maréchale
de Villeroi suivait le décollage du ballon et s'exclame,
surprise de la réussite de l'expérience : "Oui,
c'est certain maintenant ! Ils finiront par découvrir
le secret de ne plus mourir. Et c'est quand je serai morte !"
26 novembre : Charles et les frères Robert présentent
en public leur ballon à gaz ou "charlière".
Ce ballon à gaz présente l'avantage d'être
d'avoir une force ascensionnelle beaucoup plus stable et il n'y
a pas de combustible (des bottes de paille sur une montgolfière)
à emporter à bord. Le ballon à gaz dispose
alors de tous les instruments utilisés de nos jours sur
ce type de machine et les amélioration qui lui seront apportées
par la suite seront mineures (contrairement aux améliorations
de la montgolfière) : guiderope, panneau de déchirure.
1er décembre : Le roi a interdit le vol
de Robert et Charles, mais ce dernier a décidé de
passer outre et décolle avec son équipier. À
13h40 le ballon à gaz décolle et c'est premier voyage
en ballon à hydrogène qui emmène Charles
et Robert, de Paris à Nesles-la-Vallée en 56 minutes
après avoir atteint plus de 3500 mètres (établissant
par cela un premier record d'altitude). La polémique sur
la paternité du ballon est lancé : qui a vraiment
inventé le ballon ? Montgolfier ou Charles ? Louis XVI
anoblit les Montgolfier et distribue des pensions à Charles
et Pilâtre.
Des mots nouveaux apparaissent, décrivant les éléments de l'aérostation. L'étude, la technique et la manoeuvre des ballons deviennent l'aérostation, les ballons sont nommés aérostats et leurs passagers aéronautes. Partout l'aérostation devient un sujet de conversation à la mode.
1784
15 janvier : Les essais du Flesselles commencent.
Cet aérostat (cette appellation est alors définie)
est gigantesque : 23000m3 est son volume. Les
essais sont concluants mais l'appareil mal stocké se dégrade.
Joseph de Montgolfier décide de partir avec moins de passagers
mais au moment d'embarquer c'est l'inverse qui se produit :
les passagers prévus ne veulent pas se résigner
à ne pas embarquer et un passager clandestin force le passage
et embarque dans la nacelle. Le Flesselles décolle
alors péniblement et se pose après 15 minutes de
vol. Certes, le vol n'est pas une réussite mais il produit
un effet considérable. Des dizaines de milliers de personnes
convergent vers le point d'atterrissage . "Monsieur Montgolfier,
vous êtes Dieu" s'exclament des spectateurs.
Le pays vit d'aérostation. Ce n'est plus de l'engouement,
mais du délire.
2 mars : essai de dirigeabilité d'un ballon à
hydrogène par Jean-Pierre Blanchard au Champ de Mars.
25 avril et 12 juin : le ballon de l'Académie de Dijon,
muni de rames de d'un gouvernail est essayé par Guyton
de Morveau accompagné de l'abbé Bertrand puis de
M. de Virly.
4 juin : première ascension féminine :
Mme Thible passagère de M Fleurant, à bord de la
montgolfière la Gustave à Lyon. Pour la première
fois une femme a gravi les marches du ciel et certains messieurs
s'alarment d'une telle audace. Que leur restera-t-il si leurs
épouse rivalisent dans les prouesses ?
11 juillet : l'abbé Miolan et la graveur Janicet ont
convié le public à venir assister au décollage
de "la machine la plus grande qu'on ait vu jusqu'à
présent dans la capitale". C'est la catastrophe :
le ballon brûle au sol et le public mécontent tente
de lyncher les deux malheureux aérostiers.
15 juillet : ascension du Duc de Chartres, le futur Philippe-Égalité
à bord du ballon allongé des frères Robert
et de Colin Hullin. Parti de Saint-Cloud, l'aérostat atterrit
difficilement à Meudon.
19 septembre : premier voyage aérien de plus de 100 km
par les frères Robert et Colin Hullin, de Paris à
Beuvry (200 km en 6h40).
1785
7 janvier : première traversée maritime
et première passage d'un état à un autre
par la voie des airs : Blanchard et Jeffries rejoignent Douvres
à Guînes en ballon à hydrogène, au-dessus
de la Manche.
15 juin : Pilâtre de Rozier a inventé une montgolfière
composite "l'aéromontgolfière". Cet aéronef
est composé d'un globe de gaz en-dessous duquel figure
un volume d'air chaud. Deux siècles plus tard, les adeptes
de la montgolfière moderne appelleront un tel ballon une
"Rozière" en hommage à son inventeur.
Malheureusement, pressé par ses "sponsors", Pilâtre
tente la traversée de la Manche dans le sens France-Angleterre
(le plus difficile) sur un ballon mal construit. C'est l'échec,
le ballon s'écrase provoquant les premières victimes
de la navigation aérienne : Pilâtre de Rozier
et Romain trouvent la mort à Wimereux après 25 minutes
de vol.
L'engouement pour l'aérostation est immense en Europe et certains aéronautes se font un nom : l'italien Vincent Lunardi vole en Angleterre, en Italie et en Espagne. Fin 1785, Blanchard effectue une série de vols de démonstration en Allemagne puis dans toute l'Europe. Il est le premier à voler en Hollande, en Belgique, en Suisse, en Pologne et en Tchécoslovaquie.
1786
(18 juin ?) 10 et 11 juin : premier voyage aérien
nocturne en ballon, par Testu-Brissy, de Paris à Breteuil.
1794
Le 16 décembre 1782, Montgolfier voyait déjà
parmi les applications possibles du ballon des usages militaires :
"pour donner des signaux sur terre, faire passer des avis
dans une ville assiégée par-dessus des lignes de
circonvallation ...". Au milieu de la tourmente révolutionnaire,
ces idées vont devenir réalité.
2 avril - 13 germinal an II : la convention décrète
la formation de la première compagnie d'aérostiers
placée sous le commandement du capitaine Coutelle, premier
officier d'aéronautique.
2 juin : premier emploi militaire de l'aérostation :
le ballon captif l'Entreprenant est monté par le
capitaine Coutelle et l'adjudant Radet au siège de Maubeuge.
Coutelle procéda aux premières observations de l'ennemi
pris de panique : "l'effet moral produit dans le camp
autrichien par ce spectacle si nouveau fut immense; il frappa
surtout les chefs qui ne tardèrent pas à s'apercevoir
que leurs soldats croyaient avoir affaire à des sorciers".
25 juin : siège de Charleroi durant lequel les positions
de l'ennemi sont précisément relevées grâce
à L'entreprenant. L'ennemi, contrarié et
dérouté par cette arme mystérieuse et invulnérable
capitule le lendemain.
26 juin : bataille de Fleurus durant laquelle le ballon captif
L'entreprenant renseigne l'état-major du général
Jourdan. Les autrichiens sont vaincus. Désormais le ballon
devient une arme efficace, au caractère magique pour ceux
qui ne la connaissent pas. Les sceptiques ne considèrent
plus le ballon comme un simple divertissement.
1797
Dans le domaine du ballon, les amuseurs et les organisateurs
de réjouissances réservent toujours une place aux
ballons.
22 octobre : première descente en parachute, depuis
un ballon, par Jacques Garnerin à Paris. Il devient "l'aérostier
des fêtes publiques".
1798
10 novembre : première ascension entièrement
féminine par Mlle Labrosse (Mme Jacques Garnerin) et Mlle
Henry, à Paris.
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